JAPON - Analyse socio-politique

JAPON - Analyse socio-politique
JAPON - Analyse socio-politique

Ayant recouvré son indépendance le 8 septembre 1951, date de la signature à San Francisco du traité de paix qui mettait fin à six années d’occupation américaine, le Japon se caractérise toujours, sur le plan politique, par une remarquable stabilité: stabilité interne, qu’atteste la permanence au pouvoir d’équipes conservatrices; stabilité internationale, que manifeste une assez constante fidélité à l’alliance américaine, nullement incompatible avec des relations amicales établies avec des puissances qu’animent des idéologies différentes. Cette stabilité est due essentiellement à une conception bien comprise des intérêts japonais et à des structures sociales originales.

Le Japon, dont les entreprises expansionnistes menées dans le Sud-Est asiatique avant et pendant la Seconde Guerre mondiale n’ont point laissé que de bons souvenirs, s’est employé depuis la fin de la guerre à y retrouver son audience. Usine de l’Asie, le Japon cherche à la fois des matières premières pour son industrie et des débouchés pour ses produits manufacturés. Il n’est point étonnant que ses regards se portent vers les pays les plus proches qui peuvent lui fournir les unes et les autres, et qu’à cet égard la Chine populaire exerce sur lui une irrésistible attraction. Mais le commerce avec la Chine ne peut dépasser les limites permises par l’amitié américaine. Le Japon pratique donc un subtil jeu d’équilibre, dans lequel il arrive en fait à commercer avec tous sans s’aliéner la sympathie d’aucun.

Les structures sociales du pays favorisent de telles ambitions, en garantissant une stabilité politique et une paix sociale favorables au développement économique. Société qui repose tout entière sur d’anciennes et strictes hiérarchies, sur un réseau étroit d’obligations et de protections individuelles, sur un «esprit de firme» que renforcent la pratique de l’engagement à vie et la généralisation du «bonus» (supplément de salaire de trois à huit mois versé chaque année), sur une tradition monarchique ininterrompue, le Japon ne peut avoir qu’un comportement instinctivement conservateur et rester attaché à l’ordre établi. Cet ordre, que servent depuis la fin de la guerre les libéraux-démocrates, est en fait celui des grands états-majors industriels et financiers, dont le leitmotiv est de produire toujours davantage au plus bas prix pour vendre sans cesse plus à tout le monde. La politique, au Japon, est la servante de l’économie.

1. Le régime politique

Il est difficile de classer le Japon dans l’une des grandes catégories connues des régimes politiques. Les Japonais eux-mêmes s’y sont vainement essayés. S’ils sont, certes, unanimes pour admettre que leur pays pratique aujourd’hui un parlementarisme de type anglais, ils n’en reconnaissent pas moins que des expressions comme «la démocratie japonaise» ou «la monarchie nippone» n’ont pour eux aucun sens. Le Japon, qui a cessé d’être un empire, n’est point pour autant devenu une démocratie, a fortiori une

république. Le Japon est le Japon, cela leur suffit.

Cette difficulté dans la recherche d’une définition juridique tient à la faiblesse de la réflexion constitutionnelle au Japon. Qu’il ait voulu, un temps, imiter le modèle chinois (qui ne convenait d’ailleurs point à la faiblesse de son appareil administratif), qu’il se soit ensuite créé de toutes pièces un régime «sh 拏gunal» fondé sur le dualisme du pouvoir, ou qu’il se soit enfin donné, après la révolution de Meiji, une constitution imitée de l’expérience prussienne, le Japon, jusqu’en 1945, a toujours été un empire. Que pouvait-on lui substituer après le traumatisme de la capitulation?

La Constitution de 1946, en maintenant l’institution impériale, a opté pour un régime parlementaire imité du modèle britannique, tout en empruntant aux États-Unis certaines techniques d’administration locale ou judiciaire.

Mais on peut se demander si la seule étude des mécanismes constitutionnels est susceptible de rendre pleinement compte de la physionomie originale du régime politique japonais. En fait, derrière la «façade parlementaire» ou les emprunts au régime présidentiel se joue un jeu complexe qu’il est difficile à l’étranger de percer. Plus que les tenants officiels du pouvoir politique, ce sont les milieux d’affaires qui gouvernent effectivement le Japon. Plus que le Premier ministre, c’est le très puissant président du principal syndicat patronal qui inspire – pour ne pas dire conduit – la politique japonaise.

Ne peut-on pas d’ailleurs caractériser la vie politique intérieure du Japon en disant qu’elle est tout entière animée par une vaste nébuleuse partisane née, dès les premières élections de l’après-guerre, d’une alliance d’intérêts entre l’Administration gouvernementale, les grandes affaires et la masse rurale?

Il n’en demeure pas moins que les structures institutionnelles officielles conservent leur importance et que, par rapport notamment à la première Constitution «contemporaine» que le Japon a connue, celle du 11 février 1889, la distribution des pouvoirs opérée dans l’État par le texte de 1946 accuse de profonds changements.

L’empereur

On retrouve certes toujours l’empereur, immuable et sacré, chargé d’assurer la continuité de l’État et la permanence du Japon éternel; mais il n’est plus qu’un pâle reflet de la splendeur passée des dynasties divines. Détenant jadis tous les droits de souveraineté, il ne doit plus aujourd’hui ses fonctions qu’à la volonté du peuple «en qui réside le pouvoir souverain» (art. 1er de la Constitution). Ses pouvoirs politiques sont inexistants. Si l’article 6 paraît encore donner au monarque le pouvoir de nommer le Premier ministre et le président de la Cour suprême (il existe au Japon, comme aux États-Unis, une Cour suprême), le même article ajoute que l’un est désigné par la Diète, l’autre par le cabinet. L’empereur n’est donc appelé qu’à ratifier des choix qui sont pris en dehors de lui. Il en est de même pour ses pouvoirs de représentation: il ne les exerce que «suivant l’avis et l’approbation du cabinet» (art. 4). Il n’est aucune fonction dévolue constitutionnellement à l’empereur qui puisse être par lui remplie sans l’accord du gouvernement.

L’empereur n’en demeure pas moins «le symbole de l’État et de l’unité du peuple» (art. 1er) et reste pour les Japonais d’aujourd’hui le garant de la pérennité nationale. Cette idée, profondément enracinée dans l’âme japonaise, que l’institution impériale s’identifie à la nation et que celle-ci viendrait nécessairement à disparaître le jour où l’empereur – même dépouillé de son caractère divin et politiquement diminué – cesserait d’être l’incarnation du peuple, explique l’acharnement mis à sauvegarder, envers et contre tout, au moment de la capitulation, l’institution impériale. Il n’est point un Japonais qui ne sente confusément que le Japon perdrait son identité si disparaissait son souverain. On voit même s’amorcer un mouvement tendant à renforcer les pouvoirs de l’empereur.

Cette restauration des prérogatives impériales risque cependant de se heurter à deux obstacles majeurs: d’abord, la tradition ancienne du pays, qui, déjà aux temps des sh 拏gun , a privé l’empereur de la réalité du pouvoir; ensuite, la tendance générale de la démocratie moderne à réserver aux organes élus l’exercice de la souveraineté. Il serait plus facile de faire admettre l’élection du Premier ministre au suffrage universel que le renforcement des pouvoirs du Palais.

On n’en constate pas moins actuellement au Japon la persistance, voire le développement, d’un courant favorable, sinon au retour aux anciens privilèges du Japon impérial, du moins à une sorte de réhabilitation des entreprises menées avant guerre.

À cet égard, on ne peut manquer d’être frappé par les tentatives qui s’ébauchent de nos jours pour ressusciter la mystique impériale et le culte militariste. On officialise les honneurs rendus aux héros de l’histoire japonaise, parmi lesquels figurent – inscrits sur les tablettes de Yasukuni (sanctuaire qui conserve le monopole du culte rendu au soldat japonais) – un certain nombre de grands criminels de guerre à nouveau déifiés.

Du même esprit procède d’ailleurs la «réécriture» actuelle des manuels d’histoire japonaise qui soulève de vives protestations, aussi bien à Pékin qu’à Séoul. À titre d’exemple, l’invasion japonaise en Chine n’est qualifiée que d’«avance», et le mouvement d’indépendance des Coréens en 1919 «d’émeute». On ne s’appesantit guère sur le «sac de Nankin»... Le cinéma lui-même n’hésite pas à réduire les crimes de guerre japonais à des incidents isolés, perpétrés par des soldats «victimes» du devoir, et le général T 拏j 拏 devient un super-patriote, torturé dans sa conscience...

Toutes ces procédures de réhabilitation semblent traduire la volonté d’un retour à une idéologie et à un système politique dont on ne sait que trop ce qu’ils ont coûté aux populations de l’Asie et, finalement, aux Japonais eux-mêmes.

Jusqu’où entendent aller les conservateurs japonais dans cette voie? Il est difficile de le prédire. Mais un tel mouvement ne laisse pas d’inquiéter.

On notera, par exemple, que la jurisprudence actuelle des tribunaux japonais contient presque tous les éléments nécessaires pour redonner au «shinto» son statut privilégié. Les pouvoirs publics peuvent organiser et financer ses cérémonies, et personne ne conteste, sur le plan juridique, le fait que les responsables de l’État y prennent de plus en plus souvent part. Le principe de la liberté de conscience individuelle est désormais subordonné d’une certaine manière aux impératifs d’une raison sociale définie par le respect des coutumes.

À l’occasion des funérailles de l’empereur Hiro Hito, qui ont constitué un événement d’une immense portée médiatique, on a vu comment ont été habilement confondues – au dernier moment – la cérémonie «laïque» des obsèques officielles et le rituel shinto du Sodojen-no-gi qui doit, en principe, rester une affaire privée, organisée et financée par la famille impériale. Il en a été de même pour l’intronisation du nouvel empereur.

Le gouvernement

Aux termes de l’article 65 de la Constitution, le pouvoir exécutif est dévolu au cabinet. Celui-ci se compose du Premier ministre, qui en assure la présidence, et des ministres d’État. Tous doivent être des civils, cela pour se prémunir juridiquement contre toute résurrection du militarisme en évitant la mainmise des généraux sur le cabinet, qui avait été l’une des plaies du Japon d’avant guerre: les Premiers ministres se trouvaient, en effet, dans l’obligation de ne confier qu’à des militaires dépendant directement de l’empereur les portefeuilles essentiels de la Guerre et de la Marine.

Le Premier ministre est choisi parmi les membres de la Diète sur résolution de celle-ci. C’est donc le Parlement qui le désigne directement. Cette désignation suppose l’accord des deux chambres. Si cet accord se révèle impossible, même par l’entremise d’une commission conjointe des deux chambres, ou si la Chambre des conseillers ne désigne personne dans les dix jours qui suivent la désignation par la Chambre des représentants, la décision de celle-ci est considérée comme décision de la Diète. Par le jeu du bipartisme japonais, c’est toujours le chef de la formation majoritaire qui accède aux responsabilités suprêmes. Les seuls changements de Premiers ministres qui peuvent d’aventure se produire, en l’absence de tout renversement – pour l’instant improbable – de la majorité conservatrice, traduisent plutôt des modifications dans la puissance respective des «fractions» à l’intérieur du parti. Ainsi les mêmes hommes du même parti se succèdent-ils au pouvoir sans que, d’une manière profonde, l’orientation de la politique du cabinet s’en trouve affectée: Yoshida, Ashida, Hatoyama, Ishibashi, Kishi, Ikeda, Sat 拏, Tanaka, Miki, Fukuda, Oshida, Suzuki, Nakasone, Ohira, Takeshita, Kaifu...

Les ministres d’État, eux, sont nommés par le chef du gouvernement, qui peut les révoquer à son gré. L’éventualité de la révocation n’est mentionnée que pour eux; elle ne se présente d’ailleurs que rarement sous l’aspect explicite du désaveu, mais se dissimule le plus souvent sous la forme d’un remaniement ministériel qui, à la place des anciens, fait apparaître des hommes nouveaux.

Le cabinet exerce ses pouvoirs (direction et surveillance de l’Administration, application de la loi, gestion des affaires de l’État) sous le contrôle de la Diète. Il est solidairement responsable devant elle. La Constitution prévoit explicitement les quatre cas dans lesquels le cabinet doit démissionner: quand la Chambre des représentants adopte une motion de censure; quand elle rejette une motion de confiance; lors de la première convocation de la Diète après les élections générales; en cas de vacance du poste de Premier ministre.

Pour contrebalancer cette responsabilité gouvernementale devant la Diète, la Constitution a prévu, dans la logique du parlementarisme classique, un droit de dissolution à la discrétion de l’exécutif. C’est juridiquement l’empereur qui est investi de ce droit (art. 7); comme il ne peut l’exercer que suivant l’avis et l’approbation du cabinet, c’est en fait celui-ci qui prend la décision de dissoudre. Cette décision est fréquemment intervenue depuis 1946, pour les mêmes raisons politiques qu’en Grande-Bretagne: il s’agit, le plus souvent, pour la majorité conservatrice, de profiter d’une conjoncture favorable afin de renforcer ses positions; mais il peut aussi s’agir, pour un Premier ministre contraint de démissionner après un vote hostile, de faire le pays juge du différend qui l’oppose aux chambres.

L’administration locale

L’après-guerre a vu au Japon une révolution totale dans les structures administratives, qui s’est opérée sur le double plan de la répartition territoriale et de l’autonomie des collectivités. Le Japon est divisé administrativement en provinces (ou régions): Hokkaid 拏, T 拏hoku, Kant 拏, Ch bu, Kinki, Ch goku, Shikoku et Ky sh ... correspondant tout à la fois à la dispersion géographique du pays en quatre îles principales et à la prédominance de l’île centrale de Honsh . Chacune de ces provinces est à son tour divisée en un certain nombre de départements (ou préfectures). Il existe à l’heure actuelle des départements ordinaires, ou ken , des préfectures urbaines particulières, ou fu (correspondant aux villes de Ky 拏to et d’ 牢saka), la préfecture de T 拏ky 拏, ou to , et la province de Hokkaid 拏 , ou d 拏 , qui, malgré sa vaste étendue, ne constitue qu’un seul département. Quant aux communes, le droit japonais fait appel pour les désigner à plusieurs expressions, sans qu’il y ait pour autant de véritables différences de nature entre chacune d’elles et sans qu’elles soient vraiment subordonnées au département. La ville (shi ), le bourg (machi ) et le village (mura ) sont simplement des démembrements territoriaux du département: ils ne dépendent point hiérarchiquement de lui.

Les principaux administrateurs de ces collectivités locales (gouverneurs, préfets ou maires), les membres de leurs assemblées et «tous autres agents locaux que la loi pourrait prévoir» sont élus au suffrage universel direct dans le cadre des diverses communautés.

Pendant leur mandat, qui dure quatre années, ils cumulent les doubles fonctions d’organes de l’État et de représentants des intérêts de la collectivité. En tant qu’organes de l’État, ils sont juridiquement soumis à l’autorité des ministres compétents, mais leur désignation par le corps électoral de la circonscription tout entière leur confère vis-à-vis du pouvoir central une autorité et une indépendance enviables; en tant qu’autorités administratives locales, ils peuvent édicter des règlements, dans la limite, bien entendu, de leurs attributions respectives.

Par l’adaptation, à l’imitation du modèle américain, du principe représentatif et son extension à toute l’administration locale, le Japon a définitivement brisé le carcan qui étouffait depuis des siècles sa vie communale et départementale. On notera ici, au plan politique, que si, à la Diète nationale, les Japonais envoient depuis plus de trente ans une majorité conservatrice, ils ont très souvent, aux élections locales, voté au contraire socialiste. Comme s’ils voulaient exprimer leur mécontentement sans que pour autant celui-ci ait de trop grandes conséquences politiques.

Pendant plusieurs années, les plus importantes villes japonaises ont ainsi été dirigées par des équipes socialistes.

La Diète

La Constitution japonaise, conformément à la tradition parlementaire, a adopté le principe du bicaméralisme. La Diète comprend deux chambres, la Chambre des représentants et la Chambre des conseillers, toutes deux élues au suffrage universel, mais selon des techniques différentes, qui expliquent pour une large part la nature de leur composition politique.

Ce bicaméralisme est inégalitaire, la Chambre des représentants (ou Chambre basse) ayant dans l’État une importance politique très supérieure à celle qui est dévolue à la Chambre haute.

Le régime électoral

L’élection des 512 représentants à la Chambre basse se fait dans le cadre de districts électoraux, selon un système ingénieux qui allie l’efficacité du régime majoritaire à un tour et la justice d’une nécessaire représentation des minorités. Chaque électeur est invité au sein d’une circonscription qui doit élire plusieurs représentants, à ne voter individuellement que pour un seul candidat. Les candidats qui ont obtenu la majorité relative des suffrages exprimés (c’est-à-dire ceux qui arrivent en tête) sont élus jusqu’à concurrence du nombre des sièges à pourvoir dans la circonscription, dès lors qu’ils ont recueilli au moins le quart du nombre résultant de la division du chiffre des suffrages exprimés par celui des sièges à pourvoir dans la circonscription. Ainsi une minorité qui bloque ses suffrages sur un seul ou sur deux candidats a-t-elle les plus grandes chances d’en faire élire un, ce qui serait mathématiquement impossible au scrutin majoritaire de liste à un tour. Par ailleurs, ce système permet une large compétition entre fractions à l’intérieur d’un même parti, chaque nuance pouvant se faire représenter par un candidat.

Le «fractionnalisme», ou mieux, le «factionnalisme» est l’un des traits les plus caractéristiques du système japonais des partis. Est-ce un bien? Est-ce un mal? On en discutera longtemps. Comme on s’interrogera aussi sur le point de savoir si c’est le régime électoral qui a aggravé le phénomène, ou s’il n’a pas été précisément institué pour l’officialiser et le perpétuer. Chaque parti japonais est en effet divisé en un nombre variable de factions dirigées par un leader. Il s’agit de véritables clans, groupés autour d’un «patron» dont le but avoué est, en grossissant l’effectif de ses élus, de s’assurer la prédominance au sein de la formation considérée. Lorsque l’importance respective des factions se modifie au sein du parti au pouvoir, le Premier ministre, qui est le leader du parti majoritaire, procède en général à un remaniement ministériel pour que son équipe coïncide plus exactement avec la structure politique interne de son parti. On ajoutera que le mode de scrutin japonais favorise les notables, le conservatisme de ce recrutement étant encore renforcé par des disparités choquantes entre les circonscriptions rurales et urbaines, les premières bénéficiant d’une représentation très supérieure à celle à laquelle elles devraient normalement avoir droit.

Pour l’élection à la Chambre des conseillers, la procédure était un peu plus compliquée. Sur un nombre total de deux cent cinquante conseillers, cent cinquante étaient élus par les circonscriptions locales (chaque département en constitue une); les cent autres étaient désignés par une seule et vaste circonscription nationale figurant le pays tout entier. Chaque électeur votait, en même temps, pour le candidat de la circonscription locale et pour celui de la circonscription nationale. À la différence de ce qui se passait pour la Chambre des représentants, le candidat qui obtenait un minimum de suffrages égal au sixième du nombre résultant de la division du chiffre des suffrages exprimés par celui des sièges à pourvoir était élu dans la circonscription locale; pour le candidat de la liste nationale, ce nombre devait être égal au huitième...

Les choses ont été modifiées. La Chambre des représentants, mettant fin à une longue controverse, et dominant l’opposition ouverte des partis minoritaires (notamment le K 拏meit 拏 et le Parti communiste) a modifié en effet, pour la première fois, le scrutin individuel en vigueur depuis 1947 et décidé que les cent membres de la Chambre des conseillers seraient désormais élus à la représentation proportionnelle. Chaque formation politique obtiendra donc un nombre de sièges proportionnel à l’ensemble des suffrages obtenus par ses listes.

Il semble que l’on ait voulu par cette réforme rendre non seulement l’élection plus juste mais moins coûteuse. Il est en effet de rigueur au Japon, surtout pour les candidats du parti conservateur financés par les grands milieux d’affaires, de stimuler l’électorat dont ils sollicitent les votes par des largesses financières et des promesses de favoritisme. Ces procédures, plus ou moins licites, sont devenues ruineuses pour les finances des candidats, pour les caisses des partis et pour les milieux d’affaires qui les alimentent. Elles pervertissent aussi le jeu démocratique et perpétuent le clientélisme. D’autre part, le système de candidatures individuelles avait favorisé ces dernières années l’accession à la Chambre haute d’un nombre de plus en plus élevé de comédiens, acteurs, vedettes de la télévision et autres personnalités du monde du spectacle et des sports – élus sur leur popularité personnelle plutôt qu’en vertu d’un programme.

Le nouveau système supprimera-t-il les excès? À vrai dire, le style et la nature de la campagne sont évidemment fort différents selon le type d’élection; au niveau local, les considérations familiales, les relations hiérarchiques entre employeurs et employés, les coefficients de sympathie personnelle pèseront d’un poids très lourd; au niveau national, au contraire, les candidats soutenus par les grandes centrales syndicales, par le patronat, par les sectes religieuses, auront le maximum de chances.

De toute manière, les personnalités compteront toujours. Au plan national – l’expérience est faite depuis près de quarante ans – ce sont en général des conservateurs qui seront élus, parce que, sur le plan local, les liens hiérarchiques poussent en ce sens et que, de toutes les organisations nationales, c’est le patronat qui est de loin la plus puissante. On ajoutera que les grands journaux, dont les tirages sont au Japon assez impressionnants (Le Mainichi , l’Asahi et le Yomiuri oscillent, chacun, entre huit et dix millions d’exemplaires), sont eux-mêmes assez conservateurs.

La prééminence de la Chambre des représentants

La Chambre des représentants affirme sa prééminence au double point de vue de la mise en jeu de la responsabilité ministérielle et de la procédure d’élaboration de la loi.

En ce qui concerne les rapports entre le gouvernement et les chambres, seule la Chambre des représentants peut faire jouer le principe de la responsabilité ministérielle.

S’agissant du processus d’élaboration législative, l’article 58 de la Constitution dispose, certes, qu’un projet ou une proposition de loi devient loi après son adoption par les deux chambres, mais il ajoute immédiatement que le texte adopté par la Chambre des représentants, s’il se heurte à l’opposition de la Chambre des conseillers, devient loi dès l’instant que le texte a été adopté une seconde fois par la Chambre des représentants à la majorité des deux tiers des membres présents. L’opposition de la Chambre des conseillers revêt toutefois une grande importance pratique; elle oblige la Chambre des représentants à statuer à une majorité qualifiée; toutefois, le fait que cette majorité est calculée non point sur les membres inscrits à la Chambre mais sur les seuls présents à la séance diminue singulièrement la portée de cette exigence.

On ajoutera que le budget doit être soumis en premier lieu à la Chambre des représentants et que, dans trois cas déterminés, c’est sa décision qui sera considérée comme décision de la Diète tout entière, c’est-à-dire que le budget voté par elle seule sera considéré comme le budget définitif de la nation: lorsque la Chambre des conseillers, à l’examen du budget, se prononce différemment de la Chambre des représentants; lorsque les deux chambres ne sont pas parvenues à un accord, malgré le recours à la commission conjointe; lorsque la Chambre des conseillers n’a pu se prononcer définitivement dans les trente jours qui suivent la réception du budget adopté par la Chambre des représentants.

2. Les forces politiques

Les partis politiques

Au Japon, le véritable jeu politique semble, depuis plus de quarante ans, se limiter à deux grandes formations: le Parti libéral-démocrate, au pouvoir pratiquement sans interruption depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et le Parti socialiste, qui constitue le noyau le plus solide de l’opposition. Il ne faudrait pas pour autant sous-estimer l’importance de plusieurs autres partis, qui peuvent demain occuper une place non négligeable sur l’échiquier politique. Pour l’instant, le Japon pratique un bipartisme inégalitaire, la tendance au parti dominant étant atténuée seulement par l’existence de profondes rivalités au sein du parti majoritaire.

Le Parti libéral-démocrate

Le Parti libéral-démocrate est né, en 1955, de la réunion des libéraux et des démocrates entre lesquels jusqu’alors se partageaient les conservateurs. Partisans convaincus de l’économie libérale, favorables au développement de l’exportation et à la conquête systématique de marchés extérieurs, champions de l’anticommunisme et d’une alliance étroite avec les États-Unis, les libéraux-démocrates remportent les élections depuis plus de quarante ans. Ils font preuve dans leurs succès électoraux d’une remarquable stabilité (cf. graphiques). Disposant de la majorité à la Chambre, maintenant une confortable avance sur leurs rivaux, les libéraux-démocrates semblent solidement installés au pouvoir. Même s’ils le font parfois sans enthousiasme, les Japonais n’en apportent pas moins leurs voix au parti conservateur.

Bien-être, paix, Constitution: tels étaient, en effet, les slogans du Parti libéral-démocrate dans ses premières années de pouvoir. Avoir successivement atteint – et très vite – ces trois objectifs a amené le parti conservateur japonais à redéfinir et surtout à imaginer un autre programme politique. Ce fut le génie de M. Tanaka de convier les Japonais à «remodeler l’archipel nippon». Mettant en lumière les nécessités d’un meilleur développement général de la terre nationale, insistant, en face des nuisances grandissantes, sur le primordial contrôle de la pollution et la préservation de l’environnement, sentant confusément qu’après avoir œuvré uniquement pour la prospérité du grand Japon, les Japonais désiraient maintenant bénéficier à leur tour, individuellement, des fruits de la croissance, M. Tanaka et ses successeurs, notamment M. Nakasone, contribuèrent à donner au Parti libéral-démocrate le «second souffle» qui lui permet d’être encore au pouvoir et d’envisager l’avenir avec une relative confiance.

Il n’en demeure pas moins que les élections sénatoriales du 23 juillet 1989 ont marqué, d’ores et déjà, la fin d’une époque dans l’histoire politique du Japon. On peut se demander en effet si l’ère du parti majoritaire unique et perpétuel qui faisait l’originalité de la démocratie japonaise ne se termine pas insensiblement. Depuis le 23 juillet, l’opposition majoritaire à la Chambre des conseillers peut bloquer l’essentiel du processus législatif, car un projet de loi voté par la Chambre et rejeté au Sénat doit repasser à la Chambre, avec une majorité des deux tiers. Or le P.L.D. n’y détient que trois cinquièmes des sièges...

Mais, voués à perdre le pouvoir après les élections sénatoriales, le P.L.D. et ses alliés renouvelaient pourtant six mois plus tard, à l’occasion des élections législatives de 1990, leur triomphe de 1986 où ils avaient enlevé trois cent quinze sièges. En obtenant 34,4 millions de voix environ, ils progressent de 14,6 millions de suffrages par rapport aux élections sénatoriales de 1989. Mais le rapprochement avec le dernier résultat comparable – les législatives de 1986 – fait apparaître tout de même que l’électorat conservateur a stagné en nombre et recule de 56,4 à 52 p. 100 des suffrages exprimés (cf. tableau).

Même s’il limite les dégats, le parti gouvernemental paie le mécontentement rural. Le lobby agricole a clairement choisi de ne plus faire totalement confiance aux conservateurs en prévision des futures batailles protectionnistes.

Le Parti socialiste

L’électorat du Parti socialiste se recrute essentiellement dans les centres industriels – plus particulièrement chez les employés de bureau et les fonctionnaires – et dans les milieux intellectuels; il a beaucoup souffert de ses divisions (scission entre socialistes de droite et de gauche; rivalité ouverte entre les deux grandes centrales syndicales qui soutenaient l’une, les socialistes de droite, l’autre les socialistes de gauche; création, par certains éléments de droite, du Parti démocrate-socialiste). Axé sur le rappel de sa vocation pacifiste, hostile au traité de sécurité nippo-américain, partisan de la signature de pactes de non-agression avec Pékin et Moscou, le Parti socialiste a réclamé la nationalisation de secteurs importants de l’économie et le retour à un fonctionnement normal de la démocratie (droit de vote à partir de dix-huit ans, lutte contre la corruption, etc.).

Ayant réussi à maintenir, de 1960 à 1967, une large représentation parlementaire, le Parti socialiste a subi en juillet 1969, aux élections municipales de T 拏ky 拏, une sévère défaite (il a perdu la moitié de ses sièges) et essuyé un cuisant échec aux élections législatives du 27 décembre 1969 (90 députés au lieu de 140). Il se redresse, en 1972, avec cent dix-huit sièges, en 1976 avec cent vingt-trois, mais redescend en 1980 à cent sept députés, à quatre-vingt-six en 1986.

En proie à des dissensions internes (qui n’épargnent aucun parti japonais), le Parti socialiste semble condamné à l’impuissance et voué au déclin parce qu’il est sans véritable direction et sans doctrine cohérente. Il n’a d’ailleurs jamais accédé au pouvoir, hormis l’expérience éphémère du gouvernement Katayama. Le jeu du parlementarisme bipartite japonais se trouverait-il définitivement faussé par le fait même qu’il n’y a pas alternance?

Pourtant, la performance des socialistes aux élections législatives de 1990 est impressionnante. Ils progressent de 7,9 points par rapport à 1986 et augmentent leur capital de voix de 55 p. 100 en gagnant plus de six millions d’électeurs. Si une partie de ces gains a été réalisée au détriment des trois autres partis d’opposition (Parti démocrate-socialiste, Parti communiste, K 拏meit 拏), l’essentiel provient de la mobilisation de nouveaux votants. Par rapport à 1986, cinq millions deux cent cinquante mille Japonais de plus sont allés aux urnes, et ils ont choisi le P.S.J. dans leur immense majorité.

Le Parti démocrate-socialiste

Né, à la fin de 1959, de la dissidence d’un groupe socialiste de droite, le Parti démocrate-socialiste a été, jusqu’aux élections à la Chambre des représentants de décembre 1969, le «troisième parti». Entre le conservatisme souvent étroit des libéraux-démocrates et les excès de langage d’une gauche divisée en groupuscules rivaux, le Parti démocrate-socialiste est apparu comme une formation équilibrée; elle est à la fois ouverte aux audaces et rassurante, idéalement placée pour recueillir les appuis financiers des milieux d’affaires, qui trouvent parfois que les libéraux-démocrates coûtent cher, et s’assurer le soutien des syndicalistes de la Zenr 拏 (fraction de la D 拏mei), qui accusent volontiers la S 拏hy 拏, soutenue par les socialistes, d’être trop extrémiste.

Le Parti démocrate-socialiste n’est-il qu’un allié déguisé de la formation au pouvoir, comme pourraient le faire penser certaines de ses alliances électorales? Pourrait-il former, avec le Parti socialiste dont il est issu, l’«opposition de gauche» aux gouvernements successivement conservateurs? Ou n’envisage-t-il pas plutôt de former avec le nouveau K 拏meit 拏 un «centre» qui ferait éclater le bipartisme de fait qui existe au Japon? Le Parti démocrate-socialiste a régulièrement augmenté ses effectifs parlementaires, de 1960 à 1969, et retrouvé une position convenable en 1980 à la Chambre après sa chute spectaculaire de 1972. Mais il n’a plus que vingt-six sièges à la Chambre des représentants en 1986, et, aux élections de 1990, il perd seize sièges sur vingt-six, un électeur sur cinq (par rapport à 1986) et un sur quatre depuis le début de la décennie...

Jusqu’à présent, le P.S.D. était très proche de la D 拏mei (grande confédération syndicale modérée), ce qui lui valait la bienveillance de certains secteurs du patronat; et il se positionnait souvent comme une sorte de fraction extérieure du P.L.D., attendant que ce dernier ait besoin de lui. Le paradoxe de l’histoire veut qu’aujourd’hui, au moment où le P.L.D. a besoin d’aide, les socio-démocrates ne sont plus assez nombreux au Sénat pour lui servir utilement d’appoint, et ils risquent de voir le K 拏meit 拏 jouer précisément ce rôle auquel ils se préparaient pourtant depuis longtemps.

Le K size=4拏meit size=4拏

Le K 拏meit 拏 («parti pour un gouvernement propre»), apparu en 1964, est l’expression politique d’une secte religieuse, la S 拏kagakkai. La foi de la S 拏kagakkai est un mélange d’éléments religieux, patriotiques et politiques. Elle n’est pas une nouvelle religion, puisqu’elle tire sa doctrine des enseignements d’un prêtre bouddhiste, Nichiren, mais son but avoué est la propagation de son évangile dans le monde entier. La nouvelle civilisation que ses adeptes veulent promouvoir doit être l’harmonieuse union du spiritualisme et du matérialisme, du capitalisme et du socialisme. De cette union naîtra une société idéale où la liberté de l’homme sera assurée, la valeur de la personnalité reconnue et le but de la communauté atteint. Ainsi les hommes de la S 拏kagakkai sont-ils les seuls à avancer l’idée d’une unification du monde et à œuvrer pour sa réalisation. Il y a chez eux une recherche de pureté qui n’est pas pour déplaire au tempérament profond du peuple japonais.

Sur le plan politique, le K 拏meit 拏 travaillera donc essentiellement à l’établissement d’une «démocratie bouddhiste», mais cette démocratie, si elle veut être fidèle aux enseignements de Nichiren, ressemblera davantage à une théocratie ou à une dictature dirigée par une secte qu’à une véritable démocratie. Il se prononce pour la permanence du désarmement général du Japon, critique violemment la trop grande dépendance du pays par rapport aux États-Unis et prône un rapprochement avec la Chine; cela ne veut pas dire qu’il soit proche de la doctrine marxiste: il s’opposerait en effet avec force à l’extrême gauche si celle-ci tentait de s’emparer du pouvoir. Le K 拏meit 拏, hostile au maintien du système des partis, s’est déclaré en faveur du renforcement des pouvoirs de la Chambre haute en même temps que de la révision de la loi électorale. Le K 拏meit 拏 peut apparaître à certains dangereux par son objectif à long terme – voir la religion de Nichiren proclamée religion d’État et son temple principal reconnu comme centre religieux du Japon –, par les sentiments qui animent certains de ses dirigeants (haine des organisations démocratiques traditionnelles, mépris des intellectuels), par les méthodes assez persuasives qu’il est accusé d’utiliser pour faire des adeptes, par son recrutement massif parmi les catégories pauvres auxquelles il promet avantages et profits immédiats.

On a longtemps cru que le K 拏meit 拏 était, en réalité, derrière un programme en apparence démocratique, un mouvement politique d’extrême droite qui n’osait dire son nom. À en juger par ses prises de position les plus récentes, il ne le semble pas. Il serait plutôt aujourd’hui un parti de centre droit.

Aux élections de 1990, le K 拏meit 拏 a perdu 8 p. 100 de ses électeurs et tombe au niveau le plus bas depuis 1969 avec seulement 7,9 p. 100 des suffrages exprimés. Mais il préserve quatre sièges sur cinq grâce à une stratégie habile qui le conduit à ne se présenter que dans les circonscriptions où il a des sortants.

Sans doute paie-t-il sa compromission dans certains scandales, sa collaboration déguisée avec le P.L.D. et surtout la contradiction permanente entre son statut officiel d’opposant et la coopération qu’il pratique pourtant avec les conservateurs au niveau local. Suscitant toujours une certaine méfiance de l’opinion mais disposant d’un électorat fortement clientélisé, et dont le noyau dur, formé par le Soka Gakkai, obéit à des motivations religieuses très précises, complément naturel du parti gouvernemental pour le contrôle des préfectures urbaines, le K 拏meit 拏 semble aujourd’hui mûr pour un rapprochement politique étroit avec le P.L.D.

Le Parti communiste

Le Parti communiste a triplé, en décembre 1969, le nombre de ses représentants (14) et doublé ce chiffre en 1980 (29). Il obtient vingt-sept sièges aux législatives de 1986. Ce progrès impressionnant n’a guère ému l’opinion publique. Le parti ne s’est en effet jamais relevé de l’échec de la grève imprudente de 1945, lancée en pleine occupation américaine, et les syndicats sont passés définitivement sous l’obédience soit des socialistes, soit des démocrates. Il faut dire que la ligne politique sinueuse du parti est difficile à suivre et déconcertante pour beaucoup. Mais elle peut être aussi payante. Les communistes japonais ont entendu adopter, à travers scissions et expulsions, une stricte neutralité à l’égard des deux grands partis frères. Une telle politique peut amener au parti de nombreux suffrages d’électeurs qui paraissent se détourner des partis traditionnels. Il est de fait que, de 1965 à 1970, les effectifs du parti ont plus que quintuplé et qu’en 1970 la presse du parti (notamment le journal Akahata , «Drapeau rouge») touche plus d’un million de personnes. Cela confirme le Parti communiste dans l’idée que son attitude est attractive et qu’il est bon de se vouloir avant tout japonais et indépendant. Cette percée n’a fait d’ailleurs que se confirmer, puisqu’aux élections de 1972 le Parti communiste japonais a obtenu trente-huit sièges, qu’il en a conservé vingt-neuf en 1980 et vingt-sept en 1986. Aux élections de 1990, le P.C.J. a retrouvé ses voix de 1986 à 1,6 p. 100 près. Il a à peine perdu quatre-vingt-sept mille électeurs.

Il faut dire que le P.C.J. a pratiquement rompu avec le communisme international depuis les années 1960. Son programme ne contient plus aucune allusion à l’étatisation de l’économie. En fait, il joue aujourd’hui un rôle d’officine de services pour les oubliés de la croissance, mais son rôle perd une large partie de sa raison d’être. Le P.C.J. semble donc voué à rester coincé, aux marges du système, au service d’une clientèle dont l’importance numérique et sociale ira nécessairement en diminuant.

Le Nouveau Club libéral

Le Nouveau Club libéral (N.C.L.) n’a obtenu ses premiers élus qu’aux élections générales de 1976. De 17 représentants, il est passé à 12 en 1980 et à 6 en 1986... Certes, il ne s’agit pas d’une formation actuellement importante, mais sa création n’en est pas moins symptomatique, car elle manifeste le désir de certains conservateurs de se démarquer d’une politique libérale-démocrate trop à droite à leur gré. Ce sont en effet les «modérés» du parti au pouvoir qui ont décidé de faire scission et de constituer un nouvau groupe. Pensent-ils amener le Parti libéral-démocrate à se séparer de ses «ultras», en trouvant alors l’appoint des voix qui lui manqueraient au K 拏meit 拏, voire chez les démocrates-socialistes, afin de renouveler une majorité trop conservatrice qu’érode l’usure d’un pouvoir trop longtemps exercé? Il est sûr qu’il semble encore prématuré de songer aujourd’hui, au Japon, à une quelconque perspective d’alternance qui conduirait au pouvoir une majorité de gauche.

Certes, on peut toujours échafauder des combinaisons. Une alliance P.L.D. + P.S.D. + K 拏meit 拏 a, à l’heure présente, la faveur des sondages, et elle existe déjà au niveau local depuis la fin des années 1970. Elle s’imposerait dans le cas d’une défaite honorable du P.L.D. Par contre, si le P.L.D. connaissait un revers plus grave, une coalition P.S.D. + K 拏meit 拏 + P.S.J. serait aussi possible. Mais il faudrait que les centristes subissent une forte pression de leur électorat pour préférer l’aventure à gauche à la sécurité d’une alliance à droite qui leur permettrait d’accéder aux fonds politiques du patronat.

Syndicats ouvriers et organisations patronales

La permanence de structures sociales traditionnelles et la force des vieux usages empêchent au Japon les centrales d’avoir une action politique importante à l’échelle nationale, limitant le jeu syndical à un dialogue presque exclusif entre la direction et le syndicat des employés de chaque firme. Cette situation de subordination inavouée dans laquelle se meut le syndicat d’entreprise donne par contre un rôle considérable aux organisations patronales.

Les syndicats ouvriers japonais sont en effet organisés, d’une manière générale, dans le cadre de l’entreprise, et la façon dont s’établissent à l’intérieur de la firme les rapports entre patrons et employés conditionne la physionomie même du syndicalisme. Il existe bien au Japon, sous la dénomination de syndicats nationaux, des organisations horizontales rassemblant les syndicats par secteurs d’industrie, mais il ne s’agit que de simples associations fédérales qui, en fait, ne commandent à personne. Deux grandes centrales se partagent les travailleurs syndiqués: la S 拏hy 拏, qui compte dans ses rangs plus de la moitié des travailleurs syndiqués; la D 拏mei, qui groupe plus de deux millions de travailleurs et résulte de la fusion en novembre 1964 de la Zenr 拏 et de la S 拏d 拏mei. La seconde se présente comme une centrale «réaliste» de type travailliste, la première se bornant à invoquer la lutte des classes et s’efforçant de combattre les monopoles capitalistes.

Les deux centrales viennent récemment de se réunifier au sein de la nouvelle confédération Rengo. Celle-ci paraît moins influencée par le courant issu de la D 拏mei que par celui de l’ancienne Sohyo liée au P.S.J. Elle suit une ligne d’opposition résolue au P.L.D., symbolisée par son entrée en lice aux sénatoriales de 1989, où elle a fait élire onze candidats. Pour les législatives de 1990, elle poussait à l’adoption d’une plate-forme commune de l’opposition. Elle a échoué et n’a réussi à faire élire qu’un seul de ses cinq candidats. Pour poursuivre aujourd’hui son objectif qui est de réintroduire les organisations ouvrières dans le cercle de ceux dont les intérêts sont pris en considération dans ce «triangle du pouvoir» que constituent la bureaucratie, le patronat et le P.L.D., la Rengo a besoin d’un partenaire politique capable de lui servir de relais dans l’opinion. Le P.S.D. en étant incapable, l’hypothèse est évoquée d’une réunification avec le P.S.J., parallèle à la réunification syndicale.

Le véritable problème du syndicalisme japonais est en fait de savoir s’il pourra sortir du cadre restreint de l’entreprise et lutter efficacement contre un des patronats les plus puissants et les plus dynamiques du monde.

La plus connue et la plus prestigieuse des organisations patronales japonaises est le Keidanren (Keisai dantai reng 拏kai, ou Fédération des organisations économiques). Créée en 1946, elle groupe à la fois des membres individuels et des sociétés, représentées par leur directeur ou leur président. Cette association, dont font partie toutes les entreprises qui comptent au Japon, joue un rôle fondamental d’intermédiaire entre le gouvernement et les grandes entreprises. Il n’est guère de décision politique à répercussions économiques – et, au Japon, quelle décision ne l’est pas? – qui soit prise sans discussion préalable entre le gouvernement japonais et l’association patronale. Par ailleurs, sa caisse, alimentée par les importantes cotisations des sociétés, finance les campagnes électorales des formations politiques qui font sienne sa doctrine, au demeurant fort simple: coopération étroite avec les États-Unis, recherche, partout dans le monde, de nouveaux débouchés, pleine application du principe de la libre entreprise.

Jusqu’à présent, le Keidanren a toujours soutenu les libéraux-démocrates et ceux-ci ne s’en sont point mal trouvés. On dit qu’il soutient aussi les socialistes, ne serait-ce que pour éviter que les conservateurs n’obtiennent à la Chambre des représentants la majorité qualifiée qui leur permettrait de réviser la Constitution...

3. La diplomatie nippone

Une diplomatie «pacifiste»

Pour la première fois dans l’histoire constitutionnelle contemporaine, un pays – le Japon – a inclu dans sa charte une renonciation perpétuelle à la guerre. Seul pays à avoir subi l’épreuve d’un double bombardement atomique, le Japon est conscient d’avoir été en quelque sorte désigné par l’histoire pour être, dans le monde de l’après-guerre, le témoin vivant des grandes horreurs passées. Il pense que lui est donc dévolue la mission de rappeler aux hommes quelles furent leurs folies et les adjurer de ne point les commettre à nouveau.

Par l’article 9 de la Constitution, le Japon a renoncé unilatéralement et définitivement à la guerre; il a même renoncé à la menace ou à un usage limité de la force comme moyen de régler les différends qui pourraient l’opposer aux autres puissances: il s’est engagé de ce fait à ne plus maintenir de forces terrestres, navales et aériennes, ou «autre potentiel de guerre». C’est la «constitutionnalisation» d’une démilitarisation unilatérale.

L’article 9 n’a pas été sans poser d’épineux problèmes aux Japonais: il leur en pose d’ailleurs encore. Comment, par exemple, concilier le respect, par le Japon, de ses obligations de membre de l’O.N.U. avec cette démilitarisation totale et cette renonciation à la force qui lui interdisent de participer à des sanctions militaires? Certains juristes semblent avoir réglé la difficulté en proposant que le Japon ne puisse être tenu de participer à la prise de sanctions militaires qu’à la triple condition que l’action coercitive soit mise en œuvre régulièrement, qu’elle soit une sanction de caractère international et que les missions soient strictement fixées à l’avance. Il en serait de même pour la participation du Japon à la constitution d’une force internationale de police. Comment, en second lieu, concilier l’interdiction faite par l’article 9 de maintenir des forces terrestres, navales ou aériennes ou autre potentiel de guerre avec la constitution indispensable d’une force de police interne destinée seulement à maintenir l’ordre? C’est tout le problème de la constitutionnalité des forces de défense, que les tribunaux japonais n’ont jamais voulu trancher.

Pourtant, ces forces de défense sont loin d’être négligeables. Les effectifs de l’armée de terre ont été portés, en 1990, à cent quatre-vingt mille hommes. Ils seront notamment équipés de mille deux cents chars. L’armée de l’air, avec quarante-cinq mille hommes, aura à sa disposition cent soixante-trois chasseurs F. 15, en attendant la livraison des premiers F.S.X. prévus pour 1997. La marine et ses quarante-quatre mille hommes ne compteront pas moins de seize sous-marins et plusieurs bâtiments de surface, dont un porte-avions «défensif». Mais, conformément à l’article 9 de la Constitution, aucun ne sera à propulsion nucléaire. Car le Japon reste fidèle à sa doctrine nucléaire: ne pas produire, ne pas entreposer, ne pas acheter d’armes nucléaires.

Il n’en reste pas moins que le Japon – qui n’a point rétabli le service militaire – s’est aujourd’hui hissé au rang de septième puissance militaire du monde, estimant qu’il ne pourra repousser une menace militaire ou maintenir des liens avec ses alliés que s’il fait lui-même des efforts pour se doter d’une défense en rapport avec sa puissance économique. De là un fort courant en faveur de la révision de l’article 9.

Il faudra bien qu’un jour ou l’autre le Japon choisisse entre trois solutions: soit la neutralité intégrale assortie d’une absence totale de force armée, comme semble la postuler l’article 9 de la Constitution; soit une neutralité de type suisse, qui suppose une indépendance de principe à l’égard de tout bloc, sans pour autant exclure l’existence d’une armée qui peut, au contraire, être particulièrement bien équipée et entraînée; soit une position intermédiaire consistant à maintenir le principe pacifiste de l’article 9, mais en l’assortissant de quelques dérogations; c’est la solution de la «révision-compromis», qui tendrait à reconnaître au Japon la possibilité d’avoir une armée «défensive», tout en accumulant les garanties contre une éventuelle remilitarisation. Cette dernière solution suppose une révision constitutionnelle qui ne peut être acquise que par un vote de la Diète à la majorité des deux tiers; pour l’instant, une telle majorité n’existe pas.

L’article 9 a conditionné toute la politique extérieure du Japon. Prêchant l’adieu aux armes et le recours systématique à toutes les formes pacifiques de réglement des différends internationaux, tournant le dos à toute sa politique, traditionnelle depuis Meiji, d’hégémonie en Asie du Sud-Est, le Japon s’est délibérément lancé dans une diplomatie de l’économie.

Certes, la valise du commis voyageur a remplacé le sabre du samouraï. Mais on peut se demander si pendant longtemps encore la jeunesse d’un pays qui se situe aux premiers rangs dans le monde restera insensible aux sirènes de la puissance militaire. Après tout, est-il normal qu’un pays aussi puissant économiquement se contente de devoir sa protection au bouclier atomique d’une puissance étrangère?

On ajoutera que les États-Unis eux-mêmes poussent au réarmement du Japon, afin que celui-ci puisse le relayer dans son rôle de «gendarme du Sud-Est asiatique».

Mais les Japonais sont conscients de l’avantage qu’ils tirent, au plan de leurs investissements, à ne point avoir un budget militaire trop important et, à aucun prix, ne voudraient compromettre leur avance économique par une décision militaire irréfléchie qui ferait en outre se retourner contre eux tous les pays qui, naguère, ont eu a souffrir de leurs initiatives belliqueuses. Lors de la crise du Golfe, le Japon a pu mesurer le confort que lui procurait l’article 9!

Une diplomatie «économique»

Parce qu’un tiers du commerce japonais se fait avec les États-Unis, parce que les prêts bancaires américains – qui sont habilement arrêtés au niveau des banques japonaises – lui permettent de poursuivre sa politique systématique d’investissements, parce que le traité de sécurité nippo-américain, qui oblige les États-Unis à intervenir si le Japon ou les forces américaines qui y sont stationnées sont attaqués, garde le pays de toute agression extérieure, le Japon est intimement lié aux États-Unis et ne peut se passer d’eux. Certes, il essaie, chaque fois qu’il le peut, de détendre des rapports trop exclusifs en affirmant son indépendance politique, en tentant, avec succès d’ailleurs, de diversifier ses échanges. Mais la force des liens, tant militaires qu’économiques, qui continuent à unir le Japon aux États-Unis conduit les Japonais, bon gré mal gré, à suivre le plus souvent les grandes orientations de la politique américaine, bien qu’à plusieurs reprises celle-ci ait pu les heurter dans sa formulation ou dans certaines de ses volte-face...

Avec l’U.R.S.S., les rapports ont été plus délicats. Si, depuis 1956, les deux pays échangent des ambassadeurs, il n’y a point eu entre eux de traité de paix. La question de la restitution des îles Kouriles est restée l’obstacle fondamental à la conclusion de ce traité; elle n’empêche point cependant que se nouent entre les deux pays des relations économiques de plus en plus étroites. À cet égard, le développement de l’Extrême-Orient soviétique ouvre de larges perspectives à leur collaboration. Le contentieux des îles trouvera-t-il une solution dans la restitution partielle de certains îlots naguère japonais?

Pendant longtemps, aucun accord juridique n’a fixé les relations entre les gouvernements de T 拏ky 拏 et de Pékin, qui, en droit, s’ignoraient. Mais, sur le plan économique, des accords «privés» étaient conclus entre organisations semi-gouvernementales chinoises et firmes japonaises; néanmoins, la notion de «firmes amies» retenue par la Chine limitait le commerce entre les deux pays aux seuls échanges avec les firmes japonaises agréées par les Chinois comme satisfaisant à certains critères politiques et économiques.

Les choses ont singulièrement évolué depuis 1978, date à laquelle un traité «de paix et d’amitié» a été conclu entre les deux pays. Les relations économiques ont, depuis, trouvé leur rythme de croisière.

Toutes les incertitudes ne sont pas levées – quelle part la Chine pourra-t-elle réellement assumer, par exemple d’ici quelques années, dans les fournitures de produits énergétiques indispensables au Japon? – mais les données d’une coopération économique à grande échelle ont été suffisamment clarifiées pour que les dirigeants politiques puissent tourner leur attention vers d’autres problèmes.

T 拏ky 拏 est trop soucieux de ménager son voisin soviétique – quel que soit le contentieux qui sépare le Japon de l’U.R.S.S. – pour s’engager dans ce qui pourrait être une alliance contre Moscou. Il reste que la diplomatie japonaise se montre extrêmement sensible aux moindres variations de climat dans les relations entre la Chine d’une part, l’Union soviétique et les États-Unis d’autre part.

Face à l’Asie du Sud-Est sous-développée, le Japon est dans une situation incommode. En tant qu’asiatique, on attend de lui qu’il aligne ses positions sur ses frères de race et fasse jouer en toute occasion la solidarité des peuples jaunes. Mais il est aussi un État développé et, à ce titre, plus proche économiquement, par son industrialisation et sa technicité, des nations nanties. Il lui faut donc agir avec tact et prudence, se présenter partout comme un pays que les vicissitudes de la défaite ont amené à évoluer dans l’orbite américaine parce qu’il fallait bien accepter l’aide du vainqueur, nécessaire au redressement, mais qui, par vocation commerciale profonde, ne peut être actuellement qu’un pays non engagé, désireux de nouer de fructueuses relations avec tous ses voisins, quelle que soit la forme de leur régime politique.

Le Japon a parfaitement réussi à mener cette politique en Corée du Sud, en Thaïlande, à Taiwan et à Singapour. En Indonésie, l’apport du gouvernement nippon n’a cessé de croître. Les industriels japonais se sont intéressés également aux richesses naturelles des Philippines, notamment au minerai de cuivre et au bois; en Malaisie, le Japon s’est assuré le monopole des ventes de minerai de fer. Enfin, même aux Indes, la pénétration du Japon s’est intensifiée.

Par contre, avec l’Europe, les relations restent quelque peu tendues, par suite de l’invasion grandissante des produits japonais et du maintien des mesures protectionnistes à l’entrée du Japon. Les risques d’aggravation du contentieux commercial tiennent essentiellement à la forte probabilité du maintien à court et à moyen terme des tendances actuelles dans les échanges entre l’Europe et le Japon. En effet, les mesures que prennent et prendront les Japonais pour favoriser l’entrée de produits manufacturés européens sur le marché intérieur ne peuvent pas avoir d’effets sensibles immédiats, à l’exception des décisions préconisant des importations d’urgence. Il est bien évident que les entreprises européennes ne vont pas inonder le marché japonais de leurs produits dès lors que tout ou partie des obstacles tarifaires ou non tarifaires aura été levé. Des ventes importantes ne pourront être que le fruit d’une évolution plus ou moins lente et dépendant pour beaucoup de la volonté des entreprises de venir faire des affaires au Japon.

En revanche, la croissance des exportations japonaises ne devrait pas connaître de ralentissement sensible, si l’on en croit les hypothèses établies par divers instituts de prévision économique. Il en ressort, en effet, que, même si les entreprises japonaises limitent volontairement leurs exportations dans certains secteurs sensibles, le déficit global des échanges entre les pays européens et le Japon ne devrait guère évoluer de manière significative dans l’immédiat. Il faut donc à tout prix, si l’on veut éviter de dramatiques tensions, que soient envisagées et menées à bien un certain nombre d’actions visant à établir les modalités d’une coopération économique harmonieuse et équilibrée entre l’Europe et le Japon.

Reste le problème plus particulier des relations du Japon avec la France. Si, sur le plan culturel, l’influence française est indéniable au Japon, non seulement au travers de manifestations, expositions, traductions de livres, stimulées sur place par des institutions aussi prestigieuses et efficaces que la Maison franco-japonaise de T 拏ky 拏 et les divers instituts français de l’archipel, mais également par les courants d’échanges de plus en plus importants de professeurs, chercheurs et étudiants, par contre, sur le plan économique, les relations franco-japonaises ne sont pas à la hauteur de ce qu’elles devraient être. Et pourtant, les secteurs ne manquent pas où la France pourrait pousser ses avantages en développant ses exportations: alimentation (boisson, viande, fromage, confiserie); textile; ameublement; loisirs (camping, sport, voyages de vacances); cadeaux (stylos, parfums, foulards, bijoux); pharmacie (vitamines); alliages spéciaux; ordinateurs et conducteurs...

Côté japonais, on serait éventuellement intéressé par l’aéronautique, le nucléaire, le spatial, l’électronique industrielle: mais ce sont des secteurs où le poids de l’Amérique limite les possibilités. Les Français, eux, seraient plutôt demandeurs pour l’électronique à l’usage du grand public, la biotechnologie, les matériaux et les énergies nouvelles. Chaque partie souhaite naturellement acquérir les techniques qui lui font défaut, sans pour autant trop céder des siennes.

Malgré la qualité de sa recherche fondamentale et de son savoir technologique, la France a pris beaucoup de retard, sur le plan industriel et commercial, par rapport à T 拏ky 拏. Chez la deuxième puissance industrielle capitaliste, seules trente-cinq des cent plus grandes entreprises françaises sont représentées.

La tentative faite pour réduire le déficit de notre balance commerciale par des ventes d’équipements lourds, et notamment de certains armements, n’a guère réussi pour le moment. Elle a, en revanche, irrité les socialistes japonais, opposés au réarmement.

Seul le secteur nucléaire accuse une balance favorable à notre pays, grâce à une coopération franco-japonaise exemplaire en matière de retraitement et d’achat de brevets. Sans doute faudrait-il qu’au niveau des responsables des grandes affaires françaises on prenne clairement conscience que l’on ne pénètre pas le marché japonais comme n’importe quel autre marché, que la commercialisation y est faite par des professionnels qualifiés regroupés dans de grandes firmes spécialisées, qu’il faut investir, au Japon, en hommes et en capital pour assurer sa crédibilité, et que, si l’on ne fait point d’affaires avec le Japon, ce n’est pas toujours parce que les Japonais y mettent de la mauvaise volonté, mais parce qu’il y a peut-être de notre part manque d’intérêt, de pugnacité et de compétitivité...

Ce retour en force du Japon, partout dans le monde, à l’heure du désengagement américain, va sans doute le conduire à prendre de nouvelles responsabilités. Longtemps, le Japon a gardé une attitude passive dans le domaine de la politique internationale. Cela lui a permis d’assurer son expansion économique extérieure. Il estime maintenant pouvoir jouer un rôle propre, conforme à sa position enviée de troisième puissance industrielle du monde. Et il compte bien s’y employer.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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